AU COMMENCEMENT... ETAIENT LES WHIPPETS
Oui, au commencement de la passion canine de notre maîtresse, il y eut les whippets.... Cela remonte à environ trente ans. .. Avant son premier whippet, deux autres chiens partagèrent sa vie : un brave setter gordon pour consoler les minuscules chagrins de sa petite enfance et un croisé berger belge qui fut le confident des tourments de l'adolescence... Elle aimait tous les animaux mais ses parents "étaient plutôt chats" (siamois)....
Plus tard, son mari, qui était chasseur (je vous parlerai des chasseurs une autre fois!) avait plusieurs adorables setters anglais mais lorsqu'elle voulut un chien bien à elle son choix se porta, un peu par hasard, un peu pour l'esthétisme, sur un whippet. Et ce fut le début d'une passion dévorante. Pour pouvoir être entourée de beaucoup de whippets, elle devint éleveur : traverser la France en tous sens pour participer aux expositions ou pour marier une de ses chiennes avec un super champion, passer une nuit blanche pour surveiller un accouchement, éduquer les bébés, choisir parmi eux celui qu'elle garderait pour améliorer sa lignée, trouver de bonnes familles pour les autres et au moindre souci (ah! les divorces, les petits-derniers-allergiques-aux-poils-de-chien, les déménagements-en-appartement !!!) reprendre le chien devenu adulte et lui chercher un nouveau foyer...
Mais notre maîtresse n'était pas vraiment satisfaite de la voie qu'elle avait prise. Le milieu des expositions canines, avec cette compétition à outrance entre éleveurs pour un CAC ou un CACIB, ne convenait pas à son caractère. La jalousie, la mesquinerie, les ragots entre éleveurs, ne lui convenaient pas. Le fait de devoir choisir un chiot uniquement sur sa beauté, alors que le vilain petit canard de la portée parlait davantage à son coeur, non cela ne lui convenait pas. Faire naître des chiots pour les vendre à des gens dont elle ne pouvait pas être sûre qu'ils seraient une famille aimante... ne lui convenait pas non plus.. .
Une de ses chiennes préférées fut justement un vilain petit canard, toute blanche, trop petite pour être confirmée et invendable, mais la whippet la plus intelligente, la plus douce et la plus marrante qu'elle eut jamais. Elle l'appela Doucette et elle fit son bonheur pendant 17 ans...
Elle vivait avec une quarantaine de whippets, et n'oublions pas les mastiffs et les dogues allemands, ni les setters et n'oublions surtout pas les 2 chihuahuas!!! (qui me précédèrent il y a fort longtemps dans le coeur de maman) tout le monde dans la (grande) maison, les whippets adorant s'entasser à plusieurs sur les canapés... C'était cela qu'elle aimait, une maison pleine de chiens, cohabitant dans la sérénité (ne faisons pas d'angélisme : il y avait de temps en temps des bagarres!). Un quotidien aux antipodes d'un élevage classique avec les chiens en chenil ne sortant que pour les expos.
Son mari, bien que passionné comme elle de nature et d'animaux, gardait toutefois les pieds sur terre et trouvait qu'elle exagérait . Mais dans le domaine des chiens, notre maîtresse n'a jamais su ce qu'était raison garder.
pas plus maintenant que naguère... Son mari pouvait bien râler !!! Et c'est sûr qu'il râlait parfois lorsqu'il lui fallait "lutter avec des mastiffs peu coopératifs" pour se faire une petite place sur un canapé. "Tes chiens ne me chasseront pas de ma maison !!!" s'emportait-il parfois. Il n'appréciait pas non plus que les chiots fassent leurs dents sur les meubles d'antiquaire qu'il collectionnait, et de ne même pas pouvoir faire sa sieste tranquille tellement les mastiffs ronflaient de bon coeur à côté de lui...
.Lorsque, devenue veuve, elle n'eut plus les moyens de payer le personnel qui l'aidait, elle résolut d'arrêter l'élevage.
Elle plaça les plus jeunes chiens dans des familles ayant déjà un ou deux whippets de son élevage avec qui elle était restée en relation au fil des années, gardant leurs chiens pendant les vacances. Elle fit stériliser tout le monde... et la vie continua, toujours dédiée aux chiens 24 h sur 24...
Vers le milieu des années 90 il n'y avait donc plus qu'une trentaine de whippets, huit molosses, deux setters et deux chihuahuas... Cela peut paraitre beaucoup, mais la maison lui semblait soudain un peu vide...
Et au fil des années, "la faucheuse" se chargea de réduire la famille canine... Mais tous avaient eu une belle vie, la plupart des whippets dépassant les 15 ans, certains allant en bonne forme jusqu'à 17 ans...
Quand, voici 2 ans, il ne resta plus qu'un whippet Boubou , elle demanda à une amie éleveuse une petite femelle adolescente, Chloé qui donna une seconde jeunesse à notre papy whippet....
Et un jour, elle vit un reportage de 30 millions d'amis sur le martyre des galgos en Espagne. Elle en fut bouleversée...
Sur internet, c'était encore pire, certaines images étaient à la limite du supportable. Elles hantaient son sommeil et pourtant dès le matin elle ne pouvait s'empécher de retourner sur les sites, les yeux brouillés par les larmes, elle voulait tout voir.
Et c'est ainsi qu'elle contacta l'Appel des Lévriers et qu'arriva Alegra, une galga barbuda de 5 ans, trauma. Il fallut une infinie patience pour l'apprivoiser, mais les progrès qu'elle faisait étaient tellement touchants, tellement gratifiants...
Bien sûr, il avait été nécessaire de surélever les clôtures, de s'assurer qu'il n'y avait nul endroit par lequel elle pourrait fuir... Adopter une galga, c'était mettre le doigt dans un engrenage qui peu à peu allait l'accaparer toute entière. Comment s'arrêter à 1, à 2, à 3 galgos quand il y en a tant qui sont torturés en Espagne, quand il est si facile de faire une petite place supplémentaire, d'ajouter quelques canapés dans le salon et de se priver d'acheter des vêtements superflus pour pouvoir nourrir tout le monde...
Et voilà comment les galgos ont remplacé les whippets au Val de Laurenciane...
Le seul souci, c'est qu'ils prennent davantage de place sur les canapés !!!
Dur-dur d'avoir sa place sur un canapé pour un petit chihuahua de 2 kg !!!
