L'ARRIVEE DE GRACE
Notre maîtresse essaie généralement d'éviter d'aller sur des sites d'adoption de galgos, pour ne pas risquer d'être émue par l'un ou l'autre des chiens présentés, qui tous mériteraient de quitter les refuges espagnols pour trouver un foyer, en France ou dans le nord de l'Europe. Notre famille étant déjà ce que l'on pourrait nommer une famille nombreuse qu'il serait déraisonnable d'agrandir encore, voir ces regards de galgos tristes derrière des grilles lui ferait inutilement de la peine puisqu'elle ne détient pas le pouvoir d'y remédier.
Mais apparemment Grace est née sous une bonne étoile car elle a bénéficié d'un concours de circonstances qui l'a conduite du fond de l'Andalousie jusqu'au Val de Laurenciane.
En Andalousie la vie est plus dure pour les galgos que n'importe où en Espagne... 130 galgos ont été sauvés en fin d'année 2010 par une association étrangère, puis remontés jusqu'au refuge de Scooby Medina. Là après avoir été castrés ou stérilisées, ils ont été mis sur le site des adoptions, où Grace dans sa détresse a eu la chance de toucher le coeur d'une bonne fée, Natacha, qui a demandé qu'elle figure sur le site de l'association des Amis de Scooby, car la pauvre chienne était âgée (née en 2003 approximativement) et le froid et l'humidité hivernaux, non plus que leurs congénères dominants, sont sans pitié pour les plus faibles.
Grace devait donc remonter en accueil en France, mais le transport fut annulé par manque de familles d'accueil, trois autres galgos restaient aussi sur le carreau, mais ceux-ci étaient plus jeunes et en bien meilleure forme que la pauvre Grace.
Lorsque notre maîtresse apprit cela, elle passa la nuit sans dormir car elle venait de voir aussi des photos prises par Marie, à la mi-novembre lors du 9ème sauvetage de Galgos Espoir, où la pauvre chienne avait l'air épuisée et un regard où s'était éteinte la petite étincelle vitale....
Au matin, sa décision était prise : Grace devait remonter, par n'importe quel moyen, si seulement elle était encore de ce monde car sur les dernières photos qui dataient de trois mois (3 mois d'hiver très durs, une éternité pour une chienne si maigre), on pouvait deviner en filigrane que l'espoir l'avait abandonnée. (photos Galgos Espoir)
Elle contacta donc Marie, la Présidente de Galgos Espoir, pour lui parler de ce cas urgentissime et cette dernière se lança immédiatement dans la course contre la montre pour que Grace remonte avec le camion du Refuge de Scooby qui devait passer par Bordeaux le vendredi 25, sur le chemin de la Hollande, ce qui laissait une petite semaine pour tout arranger.
Marie n'hésita pas un instant (alors qu'elle aurait pu choisir un chien plus jeune et plus beau dont les refuges sont hélas pleins, bien plus facilement adoptable) à réserver une place à une mamie squelettique, couverte de morsures, et noire de surcroît. Heureusement qu'il y a dans la Protection Animale des femmes de coeur comme notre amie Marie !
Après des jours d'incertitude où Marie avait déjà préparé une solution de secours au cas où le projet initial ne pourrait pas aboutir, le miracle eut lieu : Grace arriverait le vendredi 25. Notre maîtresse était soulagée mais pas encore totalement rassurée, certains chiens meurent en Espagne (de maladie, ou tués par les autres) alors qu'ils sont déjà réservés. Trop triste! Elle vécut donc deux jours très difficiles, balançant entre l'espoir et l'angoisse et cette pénible incertitude perdura jusqu'à l'arrivée du camon, sur le parking d'une aire de repos, à 22 heures passées, vendredi soir.
Natacha était venue, avec Marie B. et Nadine, attendre deux galgas réservées par Lévrier Mon Amour.
Quand les portes du camion s'ouvrirent, elle avait encore la peur au ventre, dans la crainte de la découvrir morte au fond de sa cage, n'ayant pas supporté le stress du voyage, ou les tranquillisants trop puissants pour son petit corps épuisé.
Mais non, grâce à Dieu, la petite Grace était debout dans sa cage, toute menue mais l'oeil vif ...
Ce premier contact, cette première caresse alors que Grace se trouvait portée dans les bras de Daniel jusqu'au véhicule où l'attendait une confortable couverture, que d'émotion pour notre maîtresse !
Pendant que Daniel s'occupait des papiers, elles commencèrent à tisser des liens... Grace avait logé son petit nez dans la main de la maîtresse, qui lui parlait doucement, en la grattant parfois derrière les oreilles. Elles faisaient abstraction du bruit de la circulation à l'entour et faisaient tendrement connaissance, la confiance éclosant entre elles comme une fleur fragile qui, ayant survécu à l'hiver, allait s'épanouir avec le printemps ...
(photo Lévrier Mon Amour)