LA MAISON EST OUVERTE AUX HOTES DE PASSAGE
Tous les printemps, entre le 8 et le 12 mars, nos intrépides voyageuses revenant d'Afrique viennent s'installer pour la belle saison. Avec une exemplaire fidélité, depuis 30 ans que notre maîtresse habite cette maison dans la campagne bordelaise, nos petites amies les hirondelles retrouvent leurs nids. Peut-être même fréquentaient-elles les lieux quand ce n'était qu'une ferme en ruines envahie par les ronces et les orties, mais ce n'est pas sûr car les hirondelles apprécient la proximité des humains.
Plusieurs générations se sont bien évidemment succédées sur cette longue période. Chaque été une centaine de petits naissent chez nous. Il y a 7 nids dans la cuisine et 7 ou 8 autres dans les dépendances. Autrefois, les hirondelles avaient squatté quasiment toutes les pièces mais quand ma maîtresse a refait la déco, le coeur gros elle leur a désormais interdit l'accès au salon et aux chambres. Elles faisaient vraiment trop de dégats! Mais elle a encore la nostalgie des réveils au petit matin avec le mélodieux babil des hirondelles à quelques mètres de son lit; Les nids sont encore là, accrochés aux poutres des chambres d'amis et il suffirait de laisser les fenêtres ouvertes pendant quelques jours pour que des couples en quête de logement viennent immédiatement s'y installer.
Les hirondelles qui vivent dans la cuisine n'ont pas peur de nous les chiens, ni de notre maman, ni même de la télé.
C'est sûr, son amour de "toutes les bestioles" l'oblige à pas mal de concessions et lui donne bien du travail supplémentaire, mais c'est touchant de voir la confiance de ces oiseaux sauvages qui se comportent comme s'ils étaient apprivoisés, et qui se plaisent tellement chez nous alors que leurs populations sont partout en déclin.
Hier nous avons eu un gros chagrin, nous avons trouvé morts 5 petits âgés d'une douzaine de jours, déjà tout emplumés. Sans doute morts de faim et de froid car il a plu sans arrêt pendant plusieurs jours. Les insectes ne volant pas sous la pluie, les parents n'ont pas pu trouver de quoi les nourrir.
La Nature ne fait pas de sentimentalisme : les parents ont jeté les petits corps hors du nid pour vite refaire une autre ponte. Leur instinct de reproduction avait tenté le pari d'élever une nichée très tôt dans la saison alors que les autres couples couvent encore leurs oeufs. S'il avait fait beau, cela leur aurait permis d'élever 3 nichées, ce qui est rare. Pourront-ils seulement, malgré ce contre-temps, mener à bien 2 nichées, comme leurs voisins?
Ah! j'en connais des histoires d'hirondelles! Et des histoires de grives élevées à la main. Ou de faucon crécerelle trouvé blessé et nourri de viande pendant plusieurs mois, jusqu'à ce qu'il soit de nouveau capable de chasser...
Notre maîtresse nous les raconte souvent, un jour si vous voulez, je vous en parlerai...