LA PETITE FEE DE LA FORET

Publié le par Diégo et Calli

 

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Diégo : "Je suis pas macho, mais avec les nanas, c'est toujours pareil, vous leur donnez le doigt, et elles prennent le bras avant de vous dévorer tout cru si vous n'y prenez garde... Il y a quelques jours j'avais accepté que Calli rédige l'article sur la love story de Rosa et Tatu, c'est vrai que moi les romans à l'eau de rose, c'est pas ma tasse de thé ! Et voilà que Calli s'instaure rédacteur en chef, prend des airs importants et bla-bla et bla-bla...Il faut vite que je reprenne la direction des opérations !!!

 

Mes chers amis, installez-vous confortablement devant votre ordinateur, je vais vous raconter une histoire certifiée authentique, que maman m'a confiée récemment, une nuit où elle n'avait pas sommeil et où les souvenirs des chiens aimés depuis longtemps décédés revenaient lui tenir compagnie...

 

Cela pourrait commencer par : il était une fois... Ou bien par : "je vous parle d'un temps que les moins de 20 ans (et même de 30 ans !) ne peuvent pas connaître...  Bon, venons en aux faits...

Vous vous souvenez peut-être que, dans l'article du 14/06, il avait été question de la forêt des Landes où notre maîtresse avait autrefois une cabane de résinier, au bord du lac de Biscarrosse... Au prologue de notre histoire,  un matin de mars timidement ensoleillé, un couple se promenait sur un chemin sableux longeant le lac. Les oiseaux chantaient à gorge déployée pour séduire une compagne et de loin, on aurait pu suivre la progression des humains à la zone de silence soudain qui avançait avec eux puis, sitôt passés, le ramage reprenait de plus belle. C'était un couple auquel il manquait quelque chose, non non, pas un enfant, elle n'avait pas la fibre maternelle, mais un chien. Une fois de plus notre maîtresse (car c'est bien d'elle qu'il s'agit) disait à son mari qu'elle voulait un chien. Il n'était pas vraiment contre mais ils ne parvenaient pas à se mettre d'accord sur la race...

 

Et soudain, dans un fourré, il y eut un bruit qui s'avançait vers eux et comme un halètement. Ils se figèrent, un animal était là, tout près. A travers les jeunes fougères et les arbousiers, ils entrevirent une blanche silhouette qui bientôt surgit sur le sentier : un chien... Le chien fit quelques pas à découvert, il boitait mais ne semblait nullement effrayé. A cinq mètres d'eux, il s'assit au milieu du chemin, une patte avant levée... Notre maîtresse s'approcha en lui parlant doucement, le chien la regardait et le bout de sa queue commença à battre timidement. Elle s'accroupit et avança la main vers sa patte ; le chien ne la retira pas. Entre les coussinets, une grosse épine était plantée qu'elle retira délicatement. Elle sentit alors la tiédeur d'un coup de langue sur son poignet. Elle avait envie de caresser le beau pelage soyeux, mais aussi subitement qu'il était apparu, le chien s'esquiva dans les buissons. Pendant un court instant, on put suivre le bruit léger de sa course dans le sous-bois. Puis plus rien, le concert ailé reprit et ce chien aurait aussi bien pu être un rêve, mais elle avait toujours au creux de sa main l'épine acérée qu'elle venait de retirer de sa patte.

 

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Le couple reprit sa promenade en tendant l'oreille au cas où le chien serait revenu, mais il fallait bien se rendre à l'évidence, ce chien était un petit futé, il avait profité de leur présence pour leur demander de l'aide et maintenant il était parti retrouver sa maison. Oui, sans doute... mais elle ne pouvait pas oublier ce regard d'or en fusion, un peu magnétique...

 

Le lendemain, elle orienta la balade vers le secteur de la forêt où le chien était apparu. Son coeur battait plus fort à chaque pas... mais rien. Il lui sembla sentir un regard qui la suivait, elle fit avec les lèvres un petit bruit d'invite à s'approcher qui demeura sans réponse. Peut-être quelques fougères avaient-elles bougé, ou bien était-ce son imagination ? Ils terminèrent leur promenade et rentrèrent au chalet... Pendant deux ou trois jours elle espéra revoir le chien, mais elle fut déçue... Elle n'était pas loin de croire qu'ils avaient eu l'incroyable chance de croiser le chemin d'un petit génie de la forêt, un elfe, une fée qui s'était matérialisé un court instant avant de se fondre de nouveau dans les profondeurs verdoyantes...

 

 

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Et le matin du quatrième jour, en ouvrant les volets, elle le vit... Il était planté au milieu de l'airial, le soleil levant nimbait ses poils blancs d'éclats de lumière... Il était là, tranquille et sûr de lui, comme s'il avait toujours su que là était sa place.. Il ne venait pas pour mendier comme les chiens errants quand ils s'approchent d'une maison... Elle eut l'impression fugitive qu'il était là comme un cadeau de la forêt...

 

Elle lui parla, il se leva , prit le temps de s'étirer et il rentra dans la maison en caressant sa tête contre sa cuisse lorsqu'il passa près d'elle sur le seuil. Son mari regardait le spectacle bouche bée. Et dès cet instant, il s'installa avec eux comme s'il savait déjà tout de leur vie...

 

Ils découvrirent bien vite que ce n'était pas un chien mais une chienne, elle ne semblait pas avoir souffert, elle n'était pas maigre, son pelage était propre et luisant, elle mangeait délicatement... Il la signalèrent à la mairie, à la gendarmerie, elle n'était pas tatouée (mais ce n'était pas un procédé fréquent à l'époque) pourtant ce setter de pure race devait bien appartenir à quelqu'un. Les jours passèrent et ils durent repartir à Bordeaux pour un court séjour en ville. Ils n'étaient pas du même avis au sujet de la chienne, elle voulait l'emmener avec eux, lui pensait que ce serait mieux de la laisser à Biscarrosse, avec de la nourriture et une couverture sous l'auvent du chalet, pour lui laisser une chance de repartir vers ses maîtres. Elle était triste à cette idée, elle lui avait déjà donné un nom, Mélusine comme la fée Pendant qu'ils discutaient en pesant le pour et le contre, la chienne s'était levée du coin de l'âtre où elle somnolait et était allée se coucher en rond sur le tas de bagages prêts à partir qui les attendaient dans l'entrée...

 

Une fois de plus, la chienne avait choisi son destin, sans bruit, sans ostentation, comme si cela coulait de source... Et elle partit avec eux à Bordeaux...De ce jour et pendant douze ans, elle fut présente à leurs côtés à chaque instant de leur vie...

 

 

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Notre maîtresse pensa toujours que cette chienne avait quelque chose de magique... Elle vit mourir tragiquement une de ses filles et deux de ses petites filles, comme un tribut qu'elle aurait dû payer à chaque génération à l'âme tutélaire de la forêt pour avoir eu l'outrecuidance de préférer le monde des hommes au milieu sylvestre.

Et lorsqu'elle vit la vieillesse venir, avec la discrétion et le naturel qu'elle avait manifesté tout au long de sa vie à leurs côtés, un jour elle partit sans se retourner, décidant de sa fin comme elle avait décidé de chaque étape de son existence...

Ils la cherchèrent partout dans les environs, à l'époque c'était la pleine campagne, ils fouillèrent les fossés et les buissons et ne retrouvèrent jamais son corps. Elle semblait s'être évaporée, s'être  fondue dans la nature dont elle s'était affranchie pour donner à deux humains un peu poêtes douze années de bonheur et de rêve...

 

 

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D
<br /> Quelle merveilleuse histoire et si bien racontée mon petit Diégo. Les larmes me viennent aux yeux. Il faut dire que les setters et moi ...<br /> <br /> <br />
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